Premières fois

C'est la journée des premières fois aujourd'hui, semble-t-il.

Première fois ce matin que je conduisais seule les filles à l'école ; aucun souci, elles ont même été bien coopérantes, ont regardé ensemble un imagier français-arabe vraiment bien fait, offert par notre Isa nationale, merci Isa ! Erell l'a apporté en classe. On était bien à l'heure, les filles s'étant levées tôt, avant qu'on monte les chercher ; le soleil se lève très tôt ici, et la lumière leur parvient par les portes vitrées des chambres ; à terme je pense mettre des rideaux, d'ailleurs, parce qu'il n'y a pas école tous les jours et certains matins on aimerait bien dormir...

Amélie n'a pas pleuré ce matin, elle aussi avait apporté deux livres et les a montrés à sa maîtresse, qui les a regardés avec elle et les a placés devant le tableau pour les montrer aux copains. Un des petits garçons de sa classe pleurait beaucoup et j'ai cru que ça allait déclencher ses larmes à elle aussi, mais non, elle a semblé vouloir garder la distance et faire ce qu'elle avait à faire : mettre son sac en place, sortir son repas, sa bouteille d'eau... Une grande fille bien contente finalement d'aller s'asseoir dans le coin lecture avec les copains.

Première fois aussi que je faisais un créneau (à gauche en plus !) avec mon tank (un 4x4 Mitsubishi Pajero, pour ceux qui connaissent), et je l'ai réussi du premier coup ! La classe !

Après être passée inscrire Yuna à la cantine (ses soeurs prendront une collation en classe), j'ai pris pour la première fois, seule, la direction de la ville avec la voiture, passant par des rues que je connais maintenant, et je suis arrivée sans encombre à l'ambassade, où un bon petit groupe de têtes connues discutaient. J'ai recueilli auprès d'eux les conseils pour prendre le taxi, et hop, me voilà partie pour le centre culturel français où nous avions des livres à rendre à la médiathèque. J'avais préféré y aller en taxi, vu comme le centre ville est encombré par la circulation intense en journée, et puis je savais que le CCF était dans une zone où il n'est pas facile de se garer. Seul hic, je ne savais pas l'adresse du CCF ; mais j'avais eu la bonne idée de garder dans mon sac la brochure du programme du mois de septembre, sur laquelle était écrite l'adresse en français et en arabe. Je l'ai montrée au chauffeur de taxi, qui n'avait pas l'air de tellement situer la rue. Il ne parlait pas anglais, moi pas arabe... J'ai quand même tenté des mots commme "informatique", "computer", puisque je me souvenais que le CCF était au coeur du souk de produits informatiques. Il a compris et m'a laissée tout près de là où j'allais. Je n'ai plus eu qu'à le payer (il avait un compteur, ce que n'ont pas tous les taxis ici, et la course coûtait 19 livres, je lui en ai laissé 30, soit environ 50 centimes d'euro), et j'ai retrouvé le CCF dans ce dédale d'échoppes d'ordinateurs, Ipods, imprimantes etc. J'avais juste omis un détail : la médiathèque n'ouvre que l'après-midi... J'ai quand même pu laisser mes livres à quelqu'un qui y travaille et qui se chargera de les rapporter pour moi, mais je n'ai pas pu en emprunter d'autres. Il faut que j'aille voir chez des amis français ce qu'ils peuvent me prêter comme lecture : je n'ai plus rien et je tourne en rond !

J'ai donc repris un autre taxi pour retourner vers l'ambassade, où j'étais garée... Et là, j'aurais vraiment dû attendre un autre taxi (il y en a des milliers ici), parce qu'au contraire du premier, qui conduisait correctement et dont la voiture semblait plutôt récente, celui-là était un vrai dingue. Une conduite particulièrement peu académique (si tant est qu'ici cela ait un sens, vu comment tous conduisent...), une voiture genre pot de yaourt qui semblait avoir un moteur de mobylette sous le capot... J'ai cru mourir, je m'agrippais à la portière... C'est simple : il accélérait tout le temps et les piétons n'avaient qu'à bien se tenir, les autres voitures autour lui étaient probablement invisibles aussi, sauf un autre taxi qui apparemment avait fait un truc qu'il ne fallait pas (cette bonne blague !!) : j'ai cru qu'il allait sortir de la voiture pour l'engueuler... Je lui avais demandé de m'amener à l'ambassade ("safara fransi" en arabe, ça je connais), mais quand j'ai reconnu une des rues où on était, j'ai attendu qu'il s'arrête à un feu rouge (après en avoir grillé plusieurs) et je lui ai dit "ok", je l'ai payé et je suis sortie ; il était tout content du pourboire (30 livres encore, pour une course à 19) et n'a pas du tout paru fâché que je l'abandonne... Moi je soufflais enfin, et tant pis pour les 100 mètres que j'ai dû faire à pied... J'étais vivante !

En retournant à la voiture, je suis passée devant une boutique qui m'a tapé dans l'oeil, et je suis entrée pour acheter un cadeau d'anniversaire à Yuna (8 ans la semaine prochaine). Je n'écris pas ici ce que c'est parce qu'elle lit le blog... En tout cas c'était plutôt marrant d'entrer dans cette boutique et d'acheter cet article en ne parlant pas arabe, le vendeur ne parlant ni français ni anglais... La langue des signes étant universelle, ça a suffi !

Retour à la maison ensuite, là encore première fois que je le faisais seule et ça s'est encore bien passé. Un jour je me perdrai bien sûr, ou j'aurai un accrochage, comme tout le monde... C'est comme la tourista : on passe tous par là :-D Mais en tout cas aujourd'hui non, je n'ai pas eu droit à cette première fois-là. Ca m'arrange !

Et puis une autre première fois inattendue et moins drôle, celle-là : coup de fil de l'infirmière de l'école française, qui m'appelait pour me dire que Yuna se plaignait d'une oreille, et elle me demandait l'autorisation de lui donner du paracétamol. On s'est mises d'accord sur le fait qu'elle lui en donne, et que si vraiment ça ne s'arrange pas, je viendrai chercher Yuna plus tôt que prévu. Yuna n'est pas une habituée des otites... On va voir comment ça évolue.

Première fois que je me retrouve seule à la maison avec trois nénettes à aller chercher à l'école tout à l'heure ! Incroyable ça aussi ! Je profite, je profite. Je ne sais pas ce qu'on fera cet après-midi mais on trouvera bien. Et si on faisait des crêpes ? On en a fait une seule fois et les filles étaient ravies ! Qui vient en manger une avec nous pour le goûter ?

EDIT de l'après-midi : finalement Yuna a fini la matinée à l'école, elle n'a plus l'air d'avoir mal à l'oreille, je ne sais pas ce qui s'est passé. Elle était même enjouée en sortant de classe, était ravie du cours d'instruction civique où ils ont préparé l'élection des délégués de classe, et ravie aussi du cours de sport où elle a remis sa tenue de basket qu'elle adore et a pu étrenner ses baskets neuves achetées hier ; du 34... elle a à peine 8 ans... Mamma mia...

Comments

[fred]

du 37... mazette... elle a 8 ans... je fais du 38...

[Ciloubidouille]

Je viendrai bien manger des crèpes moi :).
Sinon, console-toi, Maëlle chausse du 37... aïe aïe aïe

[fred]

@Isa : oui, des relations se nouent et ça fait beaucoup de bien, je ne me sens plus isolée, et le fait de conduire maintenant m'a aussi fait gagner en liberté. L'imager a un franc succès, ce matin Erell ne l'avait pas apporté en classe et la maîtresse aurait bien aimé qu'elle l'ait, surtout que la petite miss pleurait à chaudes larmes ce matin, ne voulant pas rester à l'école. Et merci pour le tuyau pour Yun!

@Aleth : vraiment pas du tout ? peut-être qu'en cherchant bien au détour d'un rayon de supermarché... Sinon faut en faire !

@Stéphanie : ben si justement, il faisait bien trop chaud et on n'a pas eu le courage d'en faire ! mais on se rattrapera ;-)

[Stéphanie]

Contente de te lire !
des crêpes ??? mais, euh, tu n'as pas trop chaud pour en faire ? impensable ici...c'est trop fiou, fait trop chaud ! et toi ?
bravo pour cette 1ère sortie en solo, la grande clâsse madame !
Bisous

[Aleth]

il en reste ?

on ne trouve pas de crêpe ni de galette là où je suius arrivée !

:-)